Pourquoi les Français ne sont-ils pas heureux ? Ils vivent dans un des pays les plus enviés par les étrangers, mais pourtant ils n’arrivent pas à trouver le bonheur.
Le bonheur, c’est justement notre thème de conversation cette semaine dans mon groupe de conversation en français. Tu peux pratiquer ton français jusqu'à 7 fois par semaine avec d'autres apprenants motivés pour prendre confiance en toi à l'oral et t'exprimer plus naturellement en français.
Alors, pourquoi les Français sont malheureux ? Pour parler de ce sujet, je vais m’aider de 3 articles : le premier d'Anaïs Huet pour Europe 1, le second de Sophie Viguier-Vinson pour Sciences Humaines et le dernier de Sébastian Compagnon pour Le Parisien.
Frédéric Lenoir, philosophe et sociologue, fait une observation pertinente sur le bonheur en France. Les Français semblent être un peuple heureux individuellement, mais malheureux collectivement. Comment comprendre ce paradoxe ?
Selon Lenoir, le bonheur et le malheur ne sont jamais absolus, mais l'équilibre entre les deux dépend de notre regard sur la vie. Et là où réside le problème, c'est que les Français sont parmi les peuples les plus pessimistes du monde. Individuellement, chaque personne peut se sentir heureuse, vivre des moments de joie. Pourtant, collectivement, on a l'impression que tout va mal dans notre pays, alors que la France est l'un des pays les plus enviés, les plus visités, avec un système social solide.
Lenoir parle d'une sorte de "masochisme collectif", une tendance à se déprécier en tant que société malgré les nombreuses raisons d'être fiers d'être Français.
Lenoir note également une tendance à la critique, héritée de philosophes comme Descartes et Voltaire. Cette critique peut nous rendre plus conscients des problèmes, mais elle peut aussi nous faire perdre de vue les aspects positifs de notre vie. Pour remédier à cela, Lenoir recommande la méditation, non pas dans le sens d'une pratique intense ou religieuse, mais plutôt comme des moments de respiration tout au long de la journée. Un moment pour revenir à soi, pour prendre du recul sur ses pensées, son mental, ses émotions, qui sont souvent source de malheur.
Passons maintenant à l'article de Sophie Viguier-Vinson pour Sciences Humaines. Elle présente les travaux de Gaël Brulé, sociologue à l'université Erasmus de Rotterdam. Selon Brulé, le sentiment que notre destin nous échappe, que nous ne sommes pas maîtres de nos choix, contribue au malaise des Français. Il pointe du doigt un système politique, administratif et scolaire très hiérarchisé, qui donne aux individus le sentiment d'être piégés dans des structures sur lesquelles ils n'ont pas de contrôle.
Brulé souligne l'importance de pouvoir contribuer aux décisions pour être heureux et optimiste. En effet, le sentiment d'avoir un impact sur son environnement et les décisions collectives contribue à un sentiment de satisfaction personnelle. Il évoque aussi le fait que se déclarer très heureux en France peut être perçu comme un aveu d'échec de la pensée, un manque d'esprit critique. C'est une idée intéressante, qui peut aider à expliquer pourquoi les Français peuvent sembler malheureux malgré des conditions de vie souvent très bonnes.
Continuons avec l'article de Sébastian Compagnon pour Le Parisien. Le journaliste s'appuie sur les travaux de la Fabrique Spinoza, un groupe de réflexion qui s'est engagé à créer un "indicateur trimestriel du bonheur des Français". Leurs résultats révèlent que malgré le fait que 56% des Français se considèrent "heureux", une grande part de la population se décrit comme étant "malheureuse collectivement". Pour tenter d'explorer cette dichotomie, la Fabrique Spinoza a développé une série de questions axées sur le bonheur individuel, la perception de notre environnement, et notre réaction face au bonheur.
Parmi les facteurs qui contribuent au bien-être, les Français citent le logement, leur environnement, la santé et les relations avec leur entourage. Cependant, le bonheur n'est pas réparti également à travers le pays. Les personnes les plus heureuses sont celles ayant les plus hauts revenus, âgées de plus de 66 ans et vivant dans le Sud-Ouest, tandis que les plus malheureuses sont les jeunes de moins de 24 ans, les employés aux bas revenus, les inactifs, les habitants du Nord-Est.
Une tendance troublante est également mise en lumière : les Français souffrent d'un profond manque de confiance envers les autres. Ce manque de confiance est une source importante de malheur, tout comme l'inquiétude pour l'avenir du monde, la sécurité de l'emploi et un sentiment général d'insécurité.
En conclusion, nous voyons que le malaise français semble provenir d'un mélange complexe de facteurs. D'une part, il y a une tendance à la critique et au pessimisme qui peut obscurcir notre vision des choses positives. D'autre part, il y a un sentiment de manque de contrôle sur notre destin, amplifié par des structures sociétales rigides et hiérarchisées. Et enfin, il y a un manque de confiance envers les autres qui entraîne une certaine défiance et une peur de l'avenir. Pourtant, il y a aussi beaucoup de joie et de satisfaction à trouver dans notre vie quotidienne.