1. L’histoire du croissant : une surprise viennoise :
Commençons par le croissant, ce fameux symbole de la culture française. Quoi de plus français, me direz-vous, qu’un croissant croustillant au petit déjeuner, accompagné d’un café ? Et pourtant… le croissant ne vient pas de France. En fait, il a des origines beaucoup plus surprenantes : il vient de Vienne, en Autriche.
Alors, comment ça se fait ? L’histoire raconte que le croissant est né en 1683, pendant le siège de Vienne par l’Empire ottoman. Les Ottomans tentaient d’envahir la ville, mais ils furent repoussés, et pour célébrer cette victoire, un boulanger viennois aurait créé une pâtisserie en forme de croissant de lune, un symbole présent sur le drapeau ottoman. C’était une manière de « croquer » symboliquement l’ennemi. D’où la forme si particulière de cette viennoiserie.
Ce n’est que bien plus tard que le croissant a traversé les frontières et est arrivé en France. Il semblerait que ce soit Marie-Antoinette, elle-même originaire d’Autriche, qui ait introduit la viennoiserie à la cour française. Au fil du temps, les boulangers français se sont approprié la recette, en y ajoutant leur propre touche, comme l’utilisation généreuse de beurre, ce qui donne cette texture feuilletée et croustillante que l’on connaît aujourd’hui.
Ce qui est fascinant, c’est que même si le croissant vient de Vienne, il a fini par être totalement intégré à la culture française. Aujourd’hui, si vous demandez à quelqu’un de citer une spécialité française, le croissant sera probablement dans les premières réponses, aux côtés de la baguette.
2. Les frites : un débat entre la Belgique et la France :
Passons maintenant aux frites. Ah, les frites… accompagnement indispensable des steaks, des moules ou même tout simplement avec du ketchup ou de la mayonnaise. En France, on adore les frites, mais là encore… elles ne sont pas vraiment françaises. En réalité, il existe un grand débat entre la France et la Belgique pour savoir à qui revient la paternité de la frite.
Les Belges, bien sûr, revendiquent fermement que la frite est une invention belge. Selon une légende, elle aurait été créée au 17e siècle dans la région de Namur, en Belgique. Les habitants de cette région avaient l’habitude de pêcher de petits poissons qu’ils faisaient frire. Mais lors des hivers très froids, quand les rivières étaient gelées, ils auraient remplacé les poissons par des bâtonnets de pommes de terre qu’ils faisaient frire de la même manière. Voilà comment serait née la frite.
En France, certains disent que les frites auraient été popularisées pendant la Révolution française, notamment à Paris, où elles étaient vendues par des marchands ambulants le long de la Seine. C’est d’ailleurs de là que vient le nom « pommes frites » ou « frites », tout simplement.
Alors, qui a raison ? Difficile de trancher. Ce qui est certain, c’est que la frite a trouvé sa place des deux côtés de la frontière, et qu’elle est devenue un accompagnement incontournable, aussi bien en France qu’en Belgique.
Personnellement, je trouve que ce débat est plutôt amusant, parce que, au final, peu importe d’où viennent les frites, ce qui compte, c’est à quel point elles sont délicieuses. Que vous soyez du côté belge ou français, une bonne assiette de frites bien croustillantes est toujours un plaisir, non ?
3. Pourquoi ces mythes persistent-ils ?
Alors, pourquoi continue-t-on à penser que le croissant et les frites sont français, alors que leur histoire raconte autre chose ? C’est probablement lié à la manière dont la France a su s’approprier ces deux aliments et en faire des symboles de son patrimoine gastronomique.
Prenez le croissant par exemple. Même s’il est d’origine autrichienne, il a été adapté, modifié, et transformé par les boulangers français au point qu’il est devenu un véritable emblème de la France. Le croissant est omniprésent dans les boulangeries françaises, et il fait partie de la culture du petit déjeuner à la française. Ce n’est pas simplement une pâtisserie, c’est un moment de convivialité, souvent partagé avec un café au comptoir d’un café parisien.
Pour les frites, c’est un peu la même chose. Bien qu’elles aient des origines contestées, la France a largement contribué à populariser les frites à travers le monde, notamment grâce à des plats comme le steak-frites ou les moules-frites. Ces plats sont aujourd’hui indissociables de la culture culinaire française, même si les Belges continuent de clamer haut et fort que ce sont eux les véritables inventeurs de la frite.
Ce phénomène d’appropriation culturelle culinaire n’est pas unique à la France. Beaucoup de plats ont traversé les frontières, évolué au fil du temps, et sont devenus des emblèmes nationaux dans des pays différents de leur lieu d’origine. Au final, c’est ce qui rend la gastronomie mondiale si riche et passionnante.
4. D’autres exemples d’aliments « adoptés » :
Le croissant et les frites ne sont pas les seuls aliments à avoir une histoire aussi fascinante. Prenons par exemple le pain au chocolat, un autre classique des boulangeries françaises. Ce que beaucoup de gens ignorent, c’est que cette pâtisserie a des origines anglaises. À l’origine, les Anglais avaient une spécialité appelée « chocolate roll », qui a ensuite été adaptée en France pour devenir le fameux pain au chocolat.
Ou encore, les pâtes. On les associe évidemment à l’Italie, mais saviez-vous que les pâtes viennent en réalité de Chine ? Elles auraient été importées en Europe par Marco Polo au 13e siècle, et c’est à partir de là que les Italiens ont développé leur propre culture des pâtes.
Tout cela montre à quel point la cuisine est un véritable mélange de cultures, d’influences et d’échanges. Et c’est aussi pour cela qu’il est important de ne pas s’arrêter à des clichés, mais plutôt de s’intéresser à l’histoire derrière chaque plat, chaque aliment.
5. Pourquoi cette révélation ne change rien :
Alors, est-ce que le fait de savoir que le croissant n’est pas français, ou que les frites viennent peut-être de Belgique, change quelque chose à notre quotidien ? Pas vraiment, et c’est ça qui est intéressant. Ces aliments font tellement partie de la culture française aujourd’hui que leur origine importe peu.
Ce qui est important, c’est ce qu’ils représentent pour nous. Le croissant reste le symbole du petit déjeuner français, et les frites sont toujours l’accompagnement préféré de beaucoup de plats français. Peu importe d’où viennent ces aliments à l’origine, ils sont désormais profondément ancrés dans notre patrimoine culinaire.
C’est un peu comme une belle adoption culturelle. Ces plats ont été adoptés par la France, et ils sont maintenant indissociables de notre gastronomie. Et au final, c’est tout ce qui compte !
Voilà, c’était une petite plongée dans l’histoire du croissant et des frites, deux emblèmes de la cuisine française qui, finalement, n’en sont pas vraiment. Mais est-ce que cela change quoi que ce soit à notre plaisir de les déguster ? Je ne pense pas ! On continuera toujours à savourer un bon croissant au petit déjeuner ou des frites croustillantes avec un steak, peu importe leur origine.