Alors, qu’est-ce que ça veut dire "compter pour des prunes" ? Eh bien, c’est une expression utilisée lorsqu'on veut dire que quelque chose n'a aucune importance, aucune valeur. Par exemple, si tu fais des efforts mais que personne ne les remarque ou que ça n’a pas de résultat, tu peux dire que "ça compte pour des prunes". L'idée est que ce que tu as fait ne sert à rien, ou n'a pas l'effet escompté.

Prenons un exemple : tu as passé toute la soirée à organiser une belle fête d’anniversaire, mais au final, personne n’est venu. Tu pourrais dire : "J’ai fait tout ça pour rien, ça compte pour des prunes." Ou encore, imagine que tu as travaillé dur pour un projet au bureau, mais ton supérieur ne te félicite même pas. Là encore, tu pourrais te dire : "Tout ce travail compte pour des prunes.”

L'expression "compter pour des prunes" trouve ses racines au XIIe siècle, durant l’époque des croisades. Les croisades étaient des expéditions militaires menées par les chrétiens d'Europe pour reprendre le contrôle de Jérusalem et des lieux saints de la main des musulmans, qui étaient alors sous l'Empire seldjoukide. L'une des croisades les plus marquantes a été la deuxième croisade (1147-1149), menée en réponse à la chute du comté chrétien d’Édesse, situé en Orient. Sous la bannière de la chrétienté, des milliers de chevaliers et de soldats européens ont quitté leurs terres pour se battre contre les Sarrasins (les musulmans, terme alors utilisé en Europe médiévale) et tenter de reconquérir la Terre Sainte.

Les croisés, principalement des Français, des Anglais, des Allemands, et d’autres chevaliers européens, ont traversé des territoires hostiles et périlleux pour atteindre le Moyen-Orient. Leur but ultime : reprendre Jérusalem et affirmer leur domination chrétienne sur ces territoires sacrés. Cependant, malgré leur foi et leur courage, cette croisade, comme d’autres, s'est soldée par un échec militaire. Les forces musulmanes, dirigées par des chefs militaires redoutables tels que Saladin, ont su résister et défaire ces armées venues de loin.

Ainsi, au lieu de revenir victorieux avec des trésors, des terres ou des objets sacrés, ces croisés sont rentrés… avec des pruniers. Oui, des arbres fruitiers ! Ils avaient découvert ces pruniers lors de leur passage en Syrie, une région où ce fruit était apprécié. Fascinés par cet arbre qu’ils ne connaissaient pas, ils ont décidé de rapporter des plants avec eux en Europe, plus précisément dans le sud de la France, où ces arbres allaient prospérer, notamment dans la région d'Agen. C’est d’ailleurs grâce à cela que la ville d’Agen est aujourd’hui célèbre pour ses prunes d'Agen.

Mais à l'époque, cette "récompense" semblait dérisoire. Imagine la déception des populations et des souverains européens qui attendaient le retour de leurs héros avec des trésors fabuleux, et qui ont vu les croisés rentrer simplement avec des arbres fruitiers. Comparé aux attentes initiales, ce butin ne semblait pas valoir grand-chose. Ainsi, les croisés revenaient « bredouilles » : ils n’avaient ni terres, ni richesses, seulement… des prunes. D’où l’expression "compter pour des prunes", signifiant que quelque chose n’a aucune importance ou qu’elle est sans valeur.

Aujourd’hui, cette expression est toujours utilisée pour décrire une situation où quelque chose ou quelqu’un n’a pas de poids, n'est pas pris en compte. Par exemple : si tu as fait de nombreux efforts au travail, mais que personne ne les remarque ou n’en parle, tu pourrais dire : "Tout ce que j’ai fait compte pour des prunes."

Comprendre l’origine historique de cette expression idiomatique permet non seulement de mieux la retenir, mais aussi de saisir les subtilités qui se cachent derrière des expressions courantes de la langue française. C'est fascinant de voir comment des événements aussi lointains que les croisades peuvent encore résonner dans notre quotidien à travers des expressions linguistiques !

Aujourd’hui, l’expression "compter pour des prunes" est toujours très utilisée en France, souvent avec une petite pointe de déception ou d'ironie. On l’emploie pour dire que quelque chose ne vaut rien ou que les efforts fournis n’ont pas été reconnus.