1. Une tendance à la hausse depuis les années 90 :

Si on revient 30 ans en arrière, au milieu des années 90, les choses étaient bien différentes. À cette époque, l’obésité concernait seulement une petite partie de la population française. En 1996, seulement 7 % des hommes et environ 6 % des femmes étaient considérés comme obèses. Mais depuis, les choses ont changé drastiquement.

Selon une étude récente de Santé Publique France, le surpoids et l’obésité ont connu une augmentation rapide au cours des 20 dernières années. Par exemple, chez les hommes, en 1996, environ 40 % étaient en surpoids. Aujourd’hui, on parle de 50 %, soit la moitié des hommes adultes. L’obésité, quant à elle, a doublé chez les hommes pour atteindre 13 % en 2017.

Chez les femmes, la situation est légèrement différente, mais tout aussi préoccupante. En 1996, moins de 25 % des femmes se déclaraient en surpoids, mais en 2017, ce chiffre avait grimpé à près de 39 %. Et pour l’obésité, on est passé de 6 % à 14 % sur la même période. Ce qui est particulièrement inquiétant, c’est que chez les femmes, la progression continue, alors que chez les hommes, elle semble s’être stabilisée.

Ces chiffres montrent une évolution constante de la corpulence en France. On pourrait presque dire que l’obésité est devenue un enjeu de santé publique majeur. Et cela soulève une question importante : pourquoi cette augmentation continue ?

 

2. Pourquoi les Français prennent-ils du poids ?

On pourrait penser que les Français, avec leur régime méditerranéen réputé sain, seraient moins touchés par l’obésité que d’autres pays occidentaux. Et pourtant, même dans notre pays, les modes de vie ont radicalement changé ces dernières décennies. L’augmentation de la sédentarité est l’un des premiers facteurs responsables de cette prise de poids généralisée.

Avec l’évolution des modes de travail, notamment l’avènement du télétravail, et la généralisation des activités numériques, on passe de plus en plus de temps assis. Selon une étude menée en 2020, la majorité des Français passent plus de 7 heures par jour en position assise, que ce soit devant un écran d'ordinateur ou à regarder la télévision. À cela s’ajoute la baisse de l’activité physique quotidienne. Autrefois, les Français avaient tendance à marcher davantage, à faire plus de trajets à pied ou à vélo. Aujourd’hui, même pour des distances relativement courtes, beaucoup choisissent la voiture ou les transports en commun.

L’autre facteur déterminant, c’est bien sûr l’alimentation. La nourriture industrielle, riche en graisses saturées, en sucres et en sel, est devenue omniprésente. L’essor des plats préparés, des snacks et des fast-foods a totalement changé nos habitudes alimentaires. Les Français mangent de plus en plus sur le pouce, et les repas pris à la maison sont souvent moins équilibrés qu’auparavant. Par exemple, le traditionnel repas français avec une entrée, un plat et un dessert est de plus en plus remplacé par un plat unique souvent riche en calories. On est passé d’un modèle de repas "slow food" à une version plus rapide, et surtout plus transformée.

À cela s’ajoutent des facteurs comme le stress et la "nourriture émotionnelle". Combien de fois vous est-il arrivé de manger quelque chose juste parce que vous étiez stressé ou fatigué ? Ce phénomène, qu’on appelle aussi "nourriture réconfort", a un impact direct sur la prise de poids. Pendant la pandémie de Covid-19, par exemple, beaucoup de gens ont pris du poids à cause de l’anxiété, du confinement et de l’isolement. C’est un phénomène global, mais qui a particulièrement touché la France.

En parallèle, on ne peut pas ignorer l’impact des perturbateurs endocriniens, ces substances chimiques présentes dans certains produits du quotidien comme les plastiques ou les cosmétiques. Ces perturbateurs peuvent affecter notre métabolisme, en particulier chez les plus jeunes, et favoriser la prise de poids. Certaines études montrent même un lien direct entre l’exposition aux perturbateurs endocriniens et l’augmentation de l’obésité infantile.

 

3. Différences entre hommes et femmes :

L’un des aspects intéressants à explorer dans cette augmentation de la corpulence, ce sont les différences entre les hommes et les femmes. Comme je l’ai mentionné plus tôt, chez les hommes, la situation semble s’être stabilisée. En effet, depuis 2008, la proportion d’hommes en surpoids ou obèses est restée autour de 50 %. On pourrait même dire qu’ils ont atteint un "plafond de verre". Alors pourquoi les femmes continuent-elles à voir leur corpulence augmenter ?

Plusieurs raisons peuvent expliquer cette différence. La ménopause, par exemple, est un facteur majeur chez les femmes. Pendant cette période, le métabolisme change, et il devient plus facile de prendre du poids, en particulier autour de la taille. Mais ce n’est pas le seul facteur. Il semblerait aussi que l’activité physique des femmes ait diminué au fil des années, contrairement aux hommes, qui, dans l’ensemble, continuent de pratiquer un minimum d’exercice.

Un autre aspect à prendre en compte, c’est la pression sociale exercée sur les femmes. Contrairement aux hommes, qui peuvent parfois assumer un léger surpoids sans subir de critiques, les femmes ressentent souvent plus de pression pour maintenir un corps mince. Cette pression peut créer un cercle vicieux, où le stress lié à l’image corporelle entraîne une prise de poids.

 

4. Les risques pour la santé

Au-delà de l’aspect esthétique ou social, l’obésité est avant tout un problème de santé. Être en surpoids ou obèse augmente considérablement le risque de développer des maladies chroniques comme les maladies cardiovasculaires, le diabète de type 2 ou certains cancers. Selon l’OMS, l’obésité est même devenue l’une des principales causes de décès prématurés dans le monde.

Et comme si cela ne suffisait pas, les personnes en surpoids ou obèses sont également plus à risque de développer des formes graves de maladies infectieuses. Pendant la pandémie de Covid-19, il a été largement documenté que les personnes obèses avaient plus de chances de souffrir de complications graves, voire de décéder à cause du virus.

L’obésité peut également entraîner des problèmes articulaires, comme l’arthrose. Porter un excès de poids exerce une pression énorme sur les articulations, en particulier les genoux et les hanches. Cela peut rendre la mobilité difficile et aggraver encore plus la sédentarité.

 

5. Que fait-on pour lutter contre l'obésité en France ?

Alors, que fait la France pour lutter contre ce fléau ? Bien sûr, il y a des campagnes de prévention. Vous connaissez sûrement le programme « Manger Bouger », qui encourage une alimentation équilibrée et la pratique régulière d’une activité physique. C’est une initiative positive, mais pour beaucoup d’experts, cela ne suffit pas.

Martine Laville, professeure de nutrition à l’université de Lyon, a récemment proposé 40 pistes pour lutter contre l’obésité dans un rapport remis au gouvernement. Elle propose par exemple de développer une offre de restauration scolaire plus équilibrée, en particulier dans les quartiers défavorisés. Parce qu’il faut bien le dire, ce sont souvent les populations les plus précaires qui sont les plus touchées par l’obésité. Pourquoi ? Tout simplement parce que les aliments sains, comme les fruits et légumes, sont souvent plus chers que les produits transformés.

Mais il y a aussi d’autres propositions, comme celle d’intégrer un dépistage systématique du surpoids dans les consultations médicales de prévention. De plus, il est de plus en plus question d’introduire des traitements médicamenteux pour lutter contre l’obésité, comme ceux utilisés aux États-Unis. Cependant, ces médicaments suscitent encore beaucoup de méfiance en France.

 

Conclusion

Voilà, c’était un petit tour d’horizon sur l’obésité en France. Il est clair que ce sujet est beaucoup plus complexe qu’il n’y paraît. On ne parle pas juste de quelques kilos en trop après les fêtes, mais d’un véritable enjeu de société qui concerne de plus en plus de monde et touche particulièrement les femmes.

On a vu que les causes sont multiples : la sédentarité, l’alimentation, le stress, sans oublier les fameuses hormones et perturbateurs endocriniens. Mais qu’est-ce qu’on fait maintenant ? Il y a des solutions qui commencent à être mises en place, mais est-ce que ça va suffire ? C’est toute la question. Je pense qu’on est tous d’accord pour dire que c’est un combat qui va demander du temps, de la volonté, et peut-être aussi un changement dans notre façon de vivre au quotidien.